Dans certains pays, c’est inconcevable qu’une femme puisse être à l’initiative de cet acte. Une femme dans certains pays, qui divorce doit renoncer à tous ses droits et demander la répudiation de son mari. Elle doit attendre le bon vouloir de son conjoint pour obtenir l’autorisation de partir. Heureusement dans nos pays occidentaux, il est plus aisé de divorcer. Cependant choisir cet acte amène à traverser des étapes douloureuses, à se confronter à l’agressivité de l’ex-conjoint, de subir le regard des autres et à se confronter avec soi-même.
Etre une femme et oser entamer la procédure entraîne parfois pour elle des conséquences économiques défavorables, des conséquences au niveau social et professionnel et surtout si elle a des enfants, elle va devoir s’organiser et faire face à leurs réactions.
Autrefois, les couples restaient ensemble, cohabitaient bon gré, mal gré mais ne séparaient pas car ils suivaient les dogmes religieux de leur religion ou par peur d’être mal vus par leur famille ou leur entourage. Aujourd’hui un mariage sur deux se termine par un divorce. La société occidentale permet et facilite la dissolution du mariage. Les femmes s’émancipent de plus en plus de conjoint qui ne leur corresponde plus. Elles ont accès de plus en plus à la possibilité d’évoluer personnellement et leur conjoint risque de rester sur le carreau s’il reste dans sa toute-puissance et pense qu’elle n’aura pas le cran d’acter son choix. Mais ce n’est pas parce qu’elle décide de rompre qu’elles ne souffrent pas de leur choix. Elles doivent après avoir traversé les étapes douloureuses du deuil s’inscrire dans une nouvelle identité, leur propre identité.
Le divorce peut être perçu comme un cataclysme, une fin à tous ses rêves, un bouleversement incommensurable de ses repères et pourtant une fois la maturation opérée, toutes les personnes hommes et femmes confondus peuvent reconsidérer leur vie d’une toute autre manière. Ils accèdent à une plus grande lucidité de la connaissance d’eux-mêmes et peuvent envisager de construire vraiment leur vie et s’accomplir pleinement.
Les femmes ne veulent plus se laisser étouffer par leur conjoint au propre comme au figuré. Ceux-ci pensent qu’à partir du moment où ils ramènent un salaire au foyer, ils ont accompli leur mission. Maintenant elles veulent démontrer qu’elles ont le droit aussi de s’accomplir après s’être entièrement investie dans leur couple et pour la famille. Elles ne reçoivent pas ou pas assez la reconnaissance de leur mari et elle vive au quotidien une grande solitude. Un jour un ras de bol s’installe progressivement et soudainement par une prise de conscience, elle renonce à leur zone de sécurité et décide posément la rupture.
Cet article est consacré à toutes ces femmes divorcées qui ont le désir de se retrouver et d’accomplir ce qu’elles ont laissé étouffer en elles. Cela passe par une prise de conscience de comprendre pour quelles raisons elles ont été attirées par ce partenaire, à dépasser leurs peurs et leurs fausses-culpabilités, à dépasser les mémoires qu’elles soient ancestrales ou d’un tout autre ordre, à renverser leur idée de leur loyauté, et enfin à comprendre pour quelles raisons elles répètent les mêmes erreurs à leur encontre. Devenir une femme libre et accomplie passe parfois à vivre des ruptures successives, mais à chaque rupture, c’est une nouvelle possibilité, un tremplin d’évoluer vers un soi qui ne demande qu’à s’éveiller à la magie de la relation amoureuse saine et sereine.
Quand j’écoute les témoignages de certaines femmes, je suis triste de constater que la majorité d’entre elles pensaient comme moi, qu’elles avaient eu la grâce de se marier car elles n’avaient pas suffisamment d’estime d’elles-mêmes. Longtemps, dans toutes les contrées, la majorité des femmes étaient choisies selon des critères de beauté, d’appartenance familiale, selon leur rang social mais pas selon leur intelligence émotionnelle ni selon leurs aspirations.
J’ai commencé ma vie de jeune fille en étant naïve avec une soif de découvrir l’amour. J’ai rencontré un homme de 22 ans mon aîné qui a su manipuler ma candeur et je suis devenue son objet sexuel. J’ai eu une petite fille avec lui.
En sortant de cette relation abusive, j’ai rencontré un homme qui me semblait au premier abord gentil, prévenant, serviable. Il me valorisait et semblait vouloir partager ma vie avec ma fille. Nous avons parlé de mariage au bout de 1 an de fréquentation. Son côté mature me rassurait et il semblait se préoccuper du bien-être de ma fille. J’étais touchée par ses prévenances qui peu à peu ont diminué pour laisser place à des paroles rudes, des reproches de plus en plus acerbes. Je sentais qu’il doutait de notre relation et qu’il en avait peur mais comme il ne parlait pas, je ne savais pas ce qu’il pensait. J’ai su par la suite qu’il avait peur que je lui demande de subvenir financièrement pour ma fille car il a voulu la reconnaître pour que son père d’origine ne se serve pas d’elle pour continuer à me harceler. Je pensais que son acte était une véritable preuve d’amour. Mais en fait, en ne s’exprimant pas clairement, il a fait peser sur notre relation ses propres peurs. Il avait finalement peur d’être trahi et son mécanisme de défense était d’agresser plutôt que d’exprimer simplement ses craintes.
Bien que notre projet de mariage ait été remis en question plusieurs fois, je voulais vraiment me marier avec lui car j’avais un grand besoin de me sentir en sécurité et d’être aimée. Je pensais qu’il changerait et me permettrait de connaître l’amour et le partage. Le mariage était à mes yeux la réussite absolue pour ma vie, je n’avais jamais connu une véritable famille car j’avais été adoptée par une famille monoparentale. Je manquais tellement confiance en moi que j’acceptais de me marier même si je savais que j’allais être malheureuse. Mon prince charmant des débuts s’est transformé peu à peu en une personnalité abrupte et exigeante et peu encline à considérer mon extrême sensibilité.
J’ai compris par la suite, qu’en me mariant je fuyais une mère intrusive et autoritaire. J’avais vécu une enfance maltraitante et conçu ma première fille avec une personne abusive. Je n’avais pas vraiment confiance en moi ni beaucoup d’amour envers moi internes dues à ses paroles critiques et à un comportement indifférent à mon égard. Chaque phrase, chaque regard de sa part me renvoyaient l’image que je n’étais pas capable d’élever mes enfants, de tenir la maison et de gérer le quotidien. Je me recroquevillais sur moi-même et je tentais désespérément de tenir le coup. Cependant ma santé se détériorait, j’avais souvent envie de dormir, j’avais une sensation de lourdeur, une sorte de paralysie intérieure, je donnais l’impression d’être toujours fatiguée. Devant lui, je perdais tous mes moyens et pourtant je croyais que j’étais vraiment chanceuse d’être mariée avec lui. Sa toute-puissance me renvoyait à ma petitesse. Je ne sais pas s’il jouissait de mes confusions et de mes maladresses mais même si je tentais de lui expliquer mes souffrances, il ne se remettait pas en question, il cachait peut-être son trouble par de la moquerie et des mots lapidaires. Je vivais dans une grande solitude avec mes enfants.
Nous fréquentions une communauté à dérive sectaire et leurs lois étaient très strictes et déformaient les droits des femmes. Chaque femme devait se soumettre à leur conjoint et accepter l’autorité sans discuter. Cela pourrait prêter à sourire pour les jeunes d’aujourd’hui mais il faut savoir que dans certaines communautés dites chrétiennes et non musulmanes, il y a encore ce conditionnement. La femme reste la propriété de son mari et n’a guère son mot à dire. Elle doit rester dans le silence et ne se manifester outre mesure.
Je n’envisageais pas donc au divorce car convaincue par les enseignements spirituels et je voulais ne pas décevoir Dieu qui par sa grâce m’avait fait connaître cet homme éclairé. Selon le guide spirituel on nous enseignait que la femme retrouvait sa dignité et sa pureté dans le mariage à condition qu’elle reste bien à sa place. C’est quand même à cause d’elle que le pauvre Adam a chuté avec elle !
Nos problèmes de communication devenaient de plus en plus difficiles et douloureux. Je n’arrivais plus à réfréner mes émotions et je tombais dans une forme de dépression et un annihilement de ma personne. J’ai compris que j’avais été conditionnée à encaisser sans écouter mes besoins et je m’étais mise dans une situation de sacrifice comme Jésus, j’avais oublié seulement omis que Je n’étais pas Lui mais ma croyance intérieure me poussait à m’identifier à ce rôle.
J’ai essayé de trouver des solutions pour sauver notre couple mais rien ne satisfaisait mon conjoint qui s’était emmuré dans une forme de mutisme et se contentait de s’exprimer que par des critiques acerbes pour manifester sa désapprobation sur mes choix ou par des sermons sur mon comportement. Je n’avais pas sa confiance et il s’était positionné comme une personne qui avait eu « pitié d’une pauvre jeune fille-mère » et son engagement consistait à me supporter et à pérorer au sujet de son entreprise et de son investissement total pour elle.
Mes illusions de changement sont tombées comme une forte pluie qui ravage tout sur son passage. Mon cœur était ravagé et je me sentais mourir à l’intérieur. Je voulais m’éteindre mais l’énergie débordante de mes filles me maintenait dans un sourd espoir.
Finalement après un très long divorce conflictuel, assaisonné de chantage aux enfants, de chantage économique et de menaces de toutes sortes, je suis sortie de cet enfer, à moitié vivante, à moitié morte !
Après une longue convalescence, j’ai commencé à comprendre ce qui m’a amenée à accepter ce genre de relation et à évacuer tout ressentiment. Maintenant, je peux dire que ce long tunnel a contribué à faire la personne que je suis, ni parfaite, ni imparfaite mais juste un mélange subtile de rébellion et de sagesse ! J’ai compris que j’avais le droit de m’autoriser de vivre en respect avec ma nature. Je suis d’une grande sensibilité et les côtés rustres de mon conjoint me blessaient gravement. Je pensais que je n’étais pas normale car il me le disait souvent et parce que poussée par la peur et les doutes sur moi, je faisais forcément des erreurs et cela nourrissait en moi une grande instabilité émotionnelle et affective.
Que ce témoignage puisse inspirer d’autres femmes
Avec bienveillance et douceur,
Sabine-Hoa